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Programme du collectif de Port-Mahon et de la ferme de Montsouris

 

La carrière souterraine, dite du chemin du Port-Mahon

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Intérêt patrimonial

Si la date d’ouverture de la carrière souterraine du chemin du Port-Mahon n’est pas connue à ce jour, on trouve trace de l’existence de ce genre d’exploitation dans les environs immédiats dans des documents légaux de 1489. De plus et surtout, elle est classée parmi les monuments historiques par décret du 4 janvier 1994 : (…) pour être conservée (…) Ce qui fut confirmé par un arrêt du Conseil d’Etat du 25 février 1998 considérant qu’elle est (…) la seule véritablement attestée à cette époque sous Paris et qu’elle présente un panorama complet de l’exploitation de la pierre à la fin du Moyen âge, du fait de son caractère intact ; que, renforcée par une dizaine de piliers à bras remontant à 1790, elle faisait partie au 18ème siècle du premier circuit des catacombes ; qu’ainsi, sa conservation présente un intérêt d’art et d’histoire de nature à justifier son classement parmi les monuments historiques (…)

Passant sur le fait que les piliers à bras sont un peu plus nombreux qu’une dizaine, nous noterons que le classement de la carrière est accompagné de celui du (…) sol des parcelles (…) à l’exclusion des constructions situées en surface (…), et qu’en conséquence, une partie de l’aqueduc gallo-romain, souterrain, est classée sur lesdites parcelles.

Ces textes, outre la légitimité indiscutable qu’ils apportent à notre réflexion, nous convainquent de la nécessité évidente de rendre accessible à tous cette richesse patrimoniale.


Mise en valeur antérieure à notre époque

Héricart de Thury, inspecteur général des carrières entre 1809 et 1831, aménagea pour le public l’ossuaire municipal créé en 1785 dans les carrières voisines de la Tombe-Issoire. Devant l’intérêt que sa fine expertise a reconnu à notre actuel monument historique, il l’intégra, dés l’origine, au circuit de visite de son œuvre, les Catacombes de Paris.

L’accès à la carrière du chemin du Port-Mahon se fait par une galerie à l’entrée de laquelle une plaque toponymique spécifie qu’il s’agit là du «chemin de la double carrière», celle-ci ayant effectivement été exploitée sur deux niveaux superposés. Plus loin dans ce couloir, on peut voir les restes des sculptures que Décure, ouvrier de l’inspection des carrières, a faites entre 1777 et 1782 et représentant la forteresse de Port-Mahon dans les îles Baléares. En conséquence de quoi, dans la double carrière elle-même, se trouvait une inscription indiquant à l’inverse le chemin du Port-Mahon.

Il est donc important de souligner que le nom donné officiellement à la carrière la désigne comme l’une des parties d’un tout, réfléchi et ayant sa propre cohérence, nommé circuit des Catacombes de Paris.


Proposition de mise en valeur aujourd’hui

Le décret de classement parmi les monuments historique et sa confirmation par le Conseil d’Etat puisqu’elle (…) présente un intérêt d’art et d’histoire (…) suppose une présentation pédagogique de la carrière aux visiteurs, qu’ils soient nationaux ou étrangers.

Ceci ne peut se faire que dans le cadre d’un retour au sein des Catacombes de Paris, à qui elle a appartenu et qui l’ont surnommée.

Les axes de cette présentation seront :

  • La nature et la géologie : Nous souhaitons restituer l’esprit du projet initial d’Héricart de Thury pour les Catacombes de Paris. Celui-ci avait fait installer dans les carrières de la rive gauche, de part et d’autre de la Bièvre, plusieurs cabinets minéralogiques (certains encore visibles) présentant des échantillons des terrains les surplombant, ainsi que des fossiles et des concrétions calcaires. Sans reprendre cette méthode, le calcaire grossier, origine des carrières (et donc pour moitié des Catacombes de Paris), sera expliqué avec les connaissances actuelles, soutenues par des organismes scientifiques spécifiques existants.
  • Les hommes et les carrières : La beauté de Paris est due pour beaucoup à la pierre, tirée de son propre sous-sol, qui lui a donné sa qualité et sa pérennité. Dessins et/ou maquettes montreront les trois techniques utilisées pour l’exploitation du calcaire grossier dans les environs de Paris, carrières à ciel ouvert, carrières souterraines à piliers tournés (type Port-Mahon), carrières souterraines par hagues et bourrages. L’histoire et le poids économique de celles-ci à travers les siècles seront présentés. Le point fort de cet axe sera l’exposition de gravures et tableaux représentant des cavages et les fascinantes roues de carriers qui ont marqué le paysage de Paris et de sa banlieue pendant plusieurs siècles. L’existence de nombreux documents picturaux dénonce la méconnaissance de la population à ce sujet. Notons que de nombreux exploitants carriers français d’aujourd’hui souhaiteraient aider un projet mettant en valeur leur branche d’activité, de nos jours mésestimée.
  • Les carrières réemployées par l’industrie : Comment oublier cet ancien habitant domestiqué des carrières nommé champignon de Paris ? Inventé dans une carrière proche de Port-Mahon, le champignon de couche, french mushroom pour nos amis touristes anglo-saxons, mérite l’hommage d’un bout de galerie. Pourquoi pas avec l’aide des syndicats de professionnels de sa culture ? Toujours dans le domaine alimentaire, de nombreuses brasseries ont également utilisé les cavages de la capitale. Certaines d’entre elles ont perduré à deux pas de Port-Mahon, jusqu’au milieu du XXe siècle, et restent dans le souvenir de nos anciens.
  • La création des Catacombes de Paris : Préparation à la visite des Catacombes proprement dites, il s’agit là d’une double présentation. D’abord celle de la suppression des anciens cimetières parisiens qui a créé le plus grand ossuaire connu au monde, avec notamment une évocation du charnier des Innocents. Ensuite celle des premiers travaux assurés par Charles-Axel Guillaumot, premier inspecteur général des carrières, puis de l’aménagement voulu par Héricart de Thury.

Ces quatre axes de présentation pédagogique des Catacombes se veulent une réponse à une certaine demande du public. Des membres d’une association adhérente au collectif (et s’intéressant aux carrières de Paris) rapportent que, lors de plusieurs visites du musée faites à leurs proches et amis qu’ils commentaient, ils étaient suivis par des visiteurs francophones des Catacombes avides d’explications sur l’histoire et la morphologie des lieux.


Intérêts des bâtiments de surface

Nous n’avons pas besoin d’insister sur l’absence dans les Catacombes, et ceci en dépit des règlements en vigueur, d’accès pour handicapés et de sorties de secours (ascenseurs pour chaises roulantes, pour personnes à mobilité réduite ou difficile, et pour brancards.) Par ailleurs, Héricart de Thury avait souhaité une entrée monumentale pour ses Catacombes. Autre chose que le petit kiosque vert de la place Denfert-Rochereau depuis lequel s’étire tristement en saison une interminable file de touristes. Il souhaitait établir cette grande entrée dans l’ancienne carrière à ciel ouvert dite la Fosse-aux-Lions, au débouché de l’actuelle rue Dareau sur le boulevard Saint-Jacques. Situés non loin de l’endroit préconisé par le créateur des Catacombes, le grand porche charretier du 26 rue de la Tombe-Issoire et la cour de la ferme de Montsouris donneront au musée l’entrée qu’il mérite. Cette position nouvelle aura surtout l’énorme avantage de supprimer, pour le visiteur, le parcours de plusieurs centaines de mètres d’une galerie qui, de l’aveu même du document édité par le service des visites de la ville de Paris, (…) présente une certaine monotonie (…), euphémisme pour reconnaître un intérêt fort restreint, voire nul. L’ancienne entrée deviendra un accès de secours. A l’emplacement du 30 de la rue de la Tombe-Issoire, compris dans la promotion immobilière, un petit bâtiment discret peut être construit, aux fondations menant à la carrière, à vingt mètres environ de profondeur. Au rez-de-chaussée, l’espace disponible peut permettre l’implantation d’une structure commerciale de type librairie et souvenirs, plus digne que l’espèce de placard où sont vendus actuellement livres et cartes postales. Les salles superposées formant les sous-sol jusqu’à Port-Mahon abriteraient les présentations précitées, les trémies d’ascenseurs et d’escaliers, et des locaux techniques. Notons en passant que l’étude de faisabilité serait un excellent sujet pour une école d’architecture.


Accès par les transports en commun

Le développement du plus fréquenté des musées municipaux parisiens suppose une desserte adéquate par les transports en communs. Celle-ci est assurée par la station de métro Saint Jacques distante à vue et en droite ligne d’environ 200 mètres. Sur les quais, les murs faits de pierres meulières sont protégés des dégradations des tagueurs par des plaques de verre.

Celles-ci peuvent, à l’identique des stations proches de certains autres musées ou institutions majeurs, recouvrir d’un côté des voies des photos choisies des Catacombes proprement dites, de l’autre des photos et gravures sur les carrières en général. Eventuellement, pour assurer le total succès de l’opération, et bien sûr avec l’accord de la RATP, la station pourrait être rebaptisée avec profit : Saint Jacques - Catacombes de Paris.


Conclusion

On le comprend, la proposition d’aménagement de la carrière de Port-Mahon, classée monument historique, se veut l’un des points forts du programme du collectif de Port-Mahon et de la Ferme de Montsouris. On voit aussi qu’il est possible de trouver, auprès de sponsors privés, une partie du financement du projet. Sa crédibilité tient sur le fait que les Catacombes municipales sont le troisième musée le plus visité à Paris, après le Louvre et la Tour Eiffel qui sont nationaux. La nécessité d’une refonte du musée tient en son actuelle déficience en matière d’accès pour handicapés, et de ceux voulus par des secours efficaces. De plus, la présentation actuelle du musée est, faute de place, étriquée.

Toute l’histoire passionnante des carrières de Paris et leur importance dans le développement de la ville est occultée. Cette proposition a le mérite d’apporter des réponses à ces problèmes, et ceci dans l’esprit du projet du créateur des Catacombes de Paris, Louis Héricart de Thury.