Le collectif de Port-Mahon tire la sonnette d'alarme C'EST UN VÉRITABLE
scénario catastrophe qu'ont sorti de leur chapeau les riverains
et les défenseurs du site de Port-Mahon (XIV e ), en évoquant
les risques d'effondrement des carrières et le danger encouru
dans tout le quartier. Car le 26-30, rue de la Tombe-Issoire est toujours
en sursis, menacé par un permis de construire. L'évêché
de Paris, propriétaire des lieux, prévoit en effet d'y
faire bâtir six étages d'appartements de standing. Alors
même que les « carrières souterraines du chemin de
Port-Mahon », sur lesquelles doit être construit l'immeuble,
sont inscrites à l'Inventaire des monuments historiques depuis
1994. Outre ces carrières de calcaire médiévales, les seules classées en région parisienne, le sous-sol contient également un morceau d'aqueduc gallo-romain. Pour faire tenir l'édifice, des injections de béton doivent être pratiquées dans les piliers de soutien qui existent déjà. Or, aujourd'hui, le conseiller de Paris (Verts) René Dutrey s'inquiète « de l'anéantissement programmé de ces vestiges historiques » et demande à la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) d'ouvrir immédiatement un chantier de fouilles archéologiques pour empêcher le projet immobilier d'aboutir. Et cette fois, le collectif de 35 associations a de bons arguments : un rapport commandé à un expert indépendant. Aimé Paquet, technicien réputé, n'y va pas par quatre chemins : « On va creuser des puits de béton à l'intérieur des piliers, à l'aide de foreuses ou de marteaux piqueurs. Il y a neuf chances sur dix qu'au moins un des piliers subisse des dommages. Ce n'est pas mathématique, c'est à l'expérience que je juge de cela », rapporte Aimé Paquet. Et ensuite, il craint l'effet domino : si un pilier s'écroule, toutes les carrières peuvent disparaître. A la lumière de cette nouvelle expertise, Thomas Dufresne, président du collectif de Port-Mahon, veut faire entendre raison à la Drac. « Aucune expertise n'a été demandée ni par l'Etat ni par les services de la Ville. » Et il dénonce l'usage d'une fausse expertise par l'évêché : le président d'une association d'études scientifiques des sous-sols a en effet dû démentir le soi-disant « avis d'expert » présenté par les promoteurs immobiliers pour étayer leur projet. Guillaume
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