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Ferme en fin de carrière
L'entrepreneur a fait murer l'entrée de la Ferme Montsouris


La guerre administrative qui oppose le collectif de Port-Mahon à la Soferim au sujet de la Ferme Montsouris a connu cette semaine un nouveau tournant. Les amoureux du patrimoine n'ont cependant pas dit leur dernier mot.

"Vous voyez, ils ont installé ce grillage vendredi dernier, empêchant l'accès à la Ferme. Le mur en béton est là depuis lundi dernier et un maître-chien contrôle les allées et venues 24 heures sur 24." Thomas Dufresne, président du collectif de Port-Mahon, constate les nuisances engendrées par les grillages et le mur de parpaings haut de deux mètres installés par les ouvriers de la Soferim. "J'ai du mal à comprendre comment on a pu en arriver là", ajoute le président du collectif de défense du patrimoine.
La Ferme Montsouris, corps de ferme de 2750 m2 classé monument historique en raison des carrières médiévales situées en sous-sol, est la propriété d'une société immobilière, la Soferim. Dès l'acquisition de ce terrain, la Soferim dévoile ses projets de construction d'immeubles de standing. Sous la pression des 38 associations de sauvegarde du patrimoine et en vertu des travaux trop importants qui dégraderaient le site classé, le ministère de la Culture annule tous les permis de construire de la société immobilière.
Les associations ont à peine le temps de savourer cette victoire. Vendredi dernier, la Soferim réplique en murant l'accès à la cour de ferme. Mais une famille de squatters loge dans une petite maison, anciennement la maison des vachers, au milieu de la cour. "Il y a une femme enceinte qui vit ici et qui est dans l'obligation de demander au vigile de lui ouvrir la porte, fermée à clef, pour sortir de chez elle", confie Thomas Dufresne. "Ils n'ont pas le droit de construire ici. Ils laissent pourrir l'endroit alors que nous proposions de rénover à nos frais ce site unique et d'y développer des fouilles archéologiques pour les plus jeunes", ajoute-t-il.
Stratégie obscure ou politique de terre brûlée, les défenseurs du site ne comprennent toujours pas les plans de la Soferim, qui n'a pu être jointe par téléphone hier. Une chose est sûre, à l'heure où l'augmentation du prix au mètre carré dans la capitale attire toutes les convoitises, la Ferme Montsouris représente un manque à gagner colossal.

Adrien Cadorel