Communiqué
mai 2002
Un permis de démolir et de construire, demandé par la SCI le Lion de Belfort et qui a reçu un avis favorable de principe de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), menace aujourd’hui le patrimoine architectural du XIVème arrondissement. En tant que membre du collectif d’associations pour la défense du site de Port-Mahon, l’OCRA souhaite informer le public de la démolition imminente de plusieurs bâtiments situés au 26-30, rue de la Tombe Issoire et au 15-17, villa Saint-Jacques, ainsi que de l’aqueduc gallo-romain (IIème siècle) qui passe sous ces terrains. D’importantes dégradations de la carrière sous-jacente, dite du "chemin de Port-Mahon" (XVème siècle) sont également à prévoir dans le cadre de la consolidation de ces terrains à construire (réalisation de piliers en béton dans la carrière). La carrière souterraine de Port-Mahon jouxte l’ossuaire officiel des Catacombes de Paris. Elle est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1993 et en partie classée depuis 1994. D’après les cartes de l’Inspection Générale des Carrières, cette carrière n’a pas connu d’évolution notable depuis 1806. Exploitée dès le Moyen-Âge, elle est la seule carrière souterraine à Paris à illustrer toutes les étapes de l’extraction de la pierre, industrie qui a fait vivre le sud de Paris pendant plusieurs siècles. La carrière est dite "du chemin de Port-Mahon" car elle mène aux sculptures de Décure, réalisées entre 1777 et 1782 par un vétéran des armées de Louis XVI devenu ouvrier à l’Inspection Des Carrières. Ces sculptures représentent la forteresse de Port-Mahon des Iles Baléares où il avait été emprisonné. En surface, les édifices concernés sont la "Ferme de Montsouris", datant du XIXème siècle et sise au 26, rue de la Tombe-Issoire, qui constitue la dernière ferme de Paris. La grange possède une crypte voûtée consacrée vers 1945. Cette exception rurale dans le paysage urbain suffit en soi à démontrer son intérêt patrimonial. Au 15, villa Saint-Jacques, se trouve une petite maison de style troubadour, elle aussi menacée de destruction. Un espace vert du site est également en péril bien qu’il soit classé « Espace Vert Intérieur Protégé ». Enfin, l’aqueduc de Lutèce passe sous les terrains. C’est le même aqueduc présent sur la ZAC Alésia-Montsouris et qui a été sacrifié lors des travaux de construction, malgré le combat des associations de riverains. Il menait l'eau aux termes du Sud, dites du ‘Forum’, puis aux termes de l'Est, dites du ‘Collège de France’, et enfin aux termes du Nord, dites de ‘Cluny’. Il alimentait une partie des fontaines de la ville. Cet aqueduc n’est pas pris en compte dans les projets immobiliers de la SCI du Lion de Belfort et sera fortement endommagé, sinon détruit par les travaux. Le collectif d’associations pour la défense du site de Port-Mahon s’insurge contre ce programme immobilier et demande que les constructions existantes soient préservées et qu’aucune atteinte ne soit portée au sous-sol classé dans lequel se trouve la carrière de Port-Mahon. |